3.
Une aventure
humaine

 4.1.
Premiers habitants

 4.2.4.A)
XVème et XVIème siècles:
Colonies de pêche:
  anglais plus au sud:
Pas de colonie au début

 

 4.3.
1608-1763: domination
La «Nouvelle-France»

 

 

B) Premières explorations anglaises: Francis Drake

Le plus illustre des pirates anglais est certainement Sir Francis Drake.

« Drake ! Dans la mémoire des marins, ce nom claque comme une voile dans le grand vent. À côté de Robert Surcouf, Jean Bart, Horatio Nelson, Fernand de Magellan, Ernest Shackleton ou Eric Tabarly, il figure dans le panthéon imaginaire de ceux qui vont sur l’eau. »

Libération – 13 août 2018

 

B.1) Les premières années

Drake naît vers 1540 dans une famille protestante pauvre du Devon, dans le sud-ouest de l'Angleterre. Il est l'aîné des douze enfants. Il s'embarque à l'âge de 12 ou 13 ans sur un navire marchand. À la mort du capitaine et propriétaire, il prend la charge du navire, la "Judith"; il a environ 20 ans.

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Sir Francis Drake dans le port mexicain de San Juan

En 1567, il part pour une expédition vers l'Afrique avec son oncle John Hawkins, pour y acheter des esclaves et les revendre dans les nouvelles colonies espagnoles d'Amérique. Dans le port mexicain de San Juan, ils sont capturés lors d’un affrontement avec les nouvelles forces espagnoles. Ils s’échappèrent de leurs navires, mais beaucoup de leurs hommes furent tués. Cela a amené Drake à avoir une haine profonde pour l’Espagne.

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Sir Francis Drake

En 1572, il embarque pour sa première entreprise personnelle. Ils veulent attaquer l'isthme de Panama espagnol. C'est à cet endroit que l'or et l'argent pillés au Pérou étaient acheminés pour y être envoyés en bateau vers l’Espagne. Drake quitte Plymouth le 24 mai 1572, avec un équipage de 73 hommes répartis sur deux petits bateaux. Grâce à l'aide d'esclaves marrons du Panama, il lance un premier raid à la fin du mois de juillet 1572. Drake capture la ville et ses trésors. Lorsque ses hommes s'aperçoivent que Drake saignait abondamment d'une blessure qu'il avait reçue, ces derniers préfèrent battre en retraite et abandonner leur trésor pour sauver la vie de leur capitaine.

L’année suivante, il retourne au Panama avec un corsaire et géographe français, Guillaume Le Testu. Drake avait décidé d’intercepter un convoi de mulets à la rivière Campos, à deux lieues du village Nombre de Dios. Le 1er avril 1573, ils surprirent le convoi de mules et s’emparèrent d’un trésor d’une valeur de plus de 200.000 pesos. Mais la quantité d’or étant trop importante (plus de 20 tonnes) pour être transportée dans ses bateaux, il dut en enterrer une partie importante. Grièvement blessé, le français Le Testu fut capturé par les Espagnols et décapité. Après de nombreuses aventures, Drake finit par rejoindre ses navires, et il repartit vers l’Angleterre. C’est au cours de cette expédition que, le 11 février, Drake et son lieutenant John Oxenham grimpèrent sur un grand arbre dans les montagnes centrales de l’isthme de Panama et devinrent ainsi les premiers Anglais à voir l’océan Pacifique. Il s’est juré en voyant l’océan Pacifique qu’un jour ils naviguerait dans ses eaux – ce qu’il fera des années plus tard dans le cadre de son tour du monde.

B.2) Explorateur, aventurier et … corsaire : son tour du monde

En 1577, une expédition dirigée par Francis Drake a été autorisée – et financée mais pas «commanditée» – par la Reine Elizabeth Ière. Elle se composait de cinq navires, le Pelican, l'Elizabeth, le Christopher, le Swan et le Benedict — emportant 164 hommes. Qualifié de « voyage de découverte », il s’agissait en fait d’un ambitieux voyage de raid secret et du début du défi de l’Angleterre à la domination mondiale de l’Espagne et du Portugal.

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Tour du monde de Sir Francis Drake

  Traversée de l'Atlantique  Drake partit le 15 décembre 1577. Après avoir capturé des navires espagnols et des caravelles portugaises lors de la traversée de l’Atlantique. Dans une violente tempête, deux navires – le Christopher et le Swan – sont perdus.

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En juin 1578, la flotte arrive dans la baie de San Julián dans le Sud de la Patagonie, là où plus d'un demi-siècle auparavant, Magellan y avait fait exécuter des mutins. Drake et ses hommes aperçoivent les sinistres gibets espagnols d'où pendent encore des squelettes.

Pendant cette escale, le bateau de Drake, le Pelican, est rebaptisé le Golden Hind. Drake prend la décision de passer l'hiver (mai–août 1578) dans la baie de San Julián avant de tenter le passage du détroit de Magellan.

Le 20 août 1578, les trois navires rescapés abordent le détroit, dont la traversée dure seize jours. À la sortie du détroit de Magellan, les navires sont pris dans une nouvelle tempête interminable dans l'océan Pacifique. Le Benedict est perdu et coule; le Golden Hind commandé par Drake est séparé de l’Elizabeth. À la recherche de l’Elizabeth, le Golden Hind remonte la côte ouest de l'Amérique du Sud. En fait, suite à la tempête, l’Elizabeth est retourné en Angleterre repassant par le détroit de Magellan…

Pointe Sud de l'Amérique du Sud

À titre d’information, le détroit de Magellan n’est pas la point Sud de l’Amérique du Sud, qui est constitué par le Cap Horn. Au sud du Cap Horn, il est possible de passer de l’Atlantique au Pacifique par la mer dans un large bras de mer entre le continent américain et l’Antartique. Ce passage, emprunté pour la première fois en 1616 par le capitaine hollandais Willem Schouten, sera baptisé en l’honneur de Francis Drake, le «passage de Drake», même s’il ne l’a jamais utilisé lui-même.

  Remontée du Pacifique  Drake est allé de l’avant dans son seul vaisseau amiral, le Golden Hind. Il navigue vers le nord le long de la côte pacifique de l’Amérique du Sud, attaquant les ports espagnols et pillant les villes. Certains navires espagnols furent capturés, et Drake utilisa leurs cartes plus précises pour éclairer sa navigation. Avant d’atteindre la côte du Pérou, Drake visita l’île Mocha au large de ce qui est aujourd’hui le Chili, où lui et son serviteur Diego furent grièvement blessés par des Mapuches hostiles qui leur tirèrent dessus avec des flèches

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Poste de traite fondé à Tadoussac,
par Pierre de Chauvin en 1600

Réplique de 2007 du bâtiment originel

  Capture des trésors espagnols  Le 25 décembre 1578, le navire arrive à Valparaíso (Chili actuel), où ils pillent le navire espagnol, le Grand Captain. Le butin avoisine les 25.000 pesos d'or péruviens (environ 10 millions d’euros aujourd’hui). Arrivé à Callao (Pérou actuel) le 13 février 1579, Drake met le port à sac, emportant 4.000 ducats d'or.

Il part à la poursuite du Nuestra Señora de la Concepción - bâteau de gauche sur le dessin ci-contre - , l’un des plus impressionnants galions espagnols de l’époque. Il le rattrape dans la nuit de 1er mars 1579 et le prend d’assaut. À bord: 36 kg d'or pur, un crucifix en or, 200.000 livres de joyaux et de pierres précieuses, treize coffres remplis de réaux d'argent et 26 tonnes d'argent! Le contenu du navire espagnol était estimé à 160 millions d’euros actuels! Drake est si content qu’il offrira à chaque membre de l'équipage espagnol du galion capturé un cadeau proportionnel à son rang.

  Côtes de la Californie: la Nouvelle-Albion (1579)  Avec toutes ces richesses à son bord, Drake décide de rentrer en Angleterre. Il prend la décision de passer par l'hypothétique passage du Nord-Ouest, plutôt que de traverser le Pacifique. Le Golden Hind serait monté jusqu'au site actuel de l'île de Vancouver voire possiblement en Alaska. Finalement, le 26 mai 1579, devant le mauvais temps, particulièrement glacial, Drake fait demi-tour.

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Réplique du «Golden Hinde» à Londres

Le 17 juin 1579, Drake accoste quelque part au nord de la possession espagnole la plus au Nord d'Amérique du Nord, Point Loma en Alta California. Il trouve un bon port, débarque, répare et réapprovisionne son navire. Il peut rester sur place relativement longtemps, car son contact est amical avec les Amérindiens vivant aux alentours. Comme il se trouve au Nord des territoires colonisés par les Espagnols, Drake se sent l’autorisation de prendre possession de cette terre à moindres risques, pour le compte de la couronne d'Angleterre: il lui donne le nom latin de Nouvelle-Albion (Albion étant l'ancien nom donné à la Grande-Bretagne à partir du VIIIème siècle), car la côte de falaises blanches ressemble à celles du sud de l'Angleterre. Certains historiens ont affirmé que Drake avait laissé une partie de ses hommes sur place, afin de former l'embryon d'une «colonie», mais ces hypothèses ont depuis été abandonnées.

Passage du Nord-Ouest

Le passage du Nord-Ouest est un espace maritime de l’Océan Arctique qui offre plusieurs routes maritimes, dont la plus courte est de 1 400 km, permettant de relier l'océan Pacifique à l'océan Atlantique. Sur le plan historique, l'exploration de ces régions, commencée peu après le premier voyage de Christophe Colomb (1492), a d'abord été liée à la recherche d'une voie maritime reliant l'Europe à l'Asie (d'où le nom de «passage du Nord-Ouest»), en plus des voies du cap de Bonne-Espérance (1498), du détroit de Magellan (1520) et du passage de Drake (1616). La première tentative confirmée pour découvrir le passage du Nord-Ouest est le voyage de John Cabot en 1497, dont nous avons parlé.

  Traversée du Pacifique et contournement de l'Afrique  Le 23 juillet 1579, le navire quitte la «colonie» et traverse l'océan Pacifique, car la route du retour par le détroit de Magellan est infestée de galions espagnols. Le 30 septembre 1579, ils arrivent aux îles des Voleurs (actuellement îles Mariannes), puis le 3 novembre aux Moluques. Le 18 janvier 1580, le Golden Hind heurte un récif au large des Célèbes. L'équipage attend pendant trois jours une marée favorable et est contraint d'alléger le navire en jetant des marchandises à la mer. Se liant d'amitié avec un sultan local, Drake et ses hommes participent à des intrigues avec les Portugais présents sur place. Le navire peut finalement repartir et il atteint Java le 12 mars. Le 15 juin, il passe le cap de Bonne-Espérance, le 22 juillet, il atteint la Sierra Leone – soit quand même un an après avoir quitté les côtes américaines.

  Retour à Plymouth (1580)  Le 22 août 1580, le Golden Hind parvient aux îles Canaries, et le 26 septembre, il atteint enfin Plymouth en Angleterre, avec 59 survivants à bord. Le navire est rempli d'épices et des trésors espagnols capturés en Amérique du Sud. La part revenant à la reine, soit la moitié de la valeur de la cargaison du navire, surpasse alors le reste des revenus de la couronne pour l'année 1580!!! Drake est célébré comme étant le premier commandant d’une flotte à effectuer une circumnavigation (et le deuxième commandant de navire à effectuer un tel voyage et à revenir avec au moins un navire intact, après Juan Sebastián Elcano en 1520, survivant de l'expédition de Magellan, ce dernier étant mort en route).

La reine Élisabeth Ière d'Angleterre ordonne que tous les récits écrits du voyage de Drake lui soient remis et qu'ils deviennent des « secrets du Royaume ». Drake et l'ensemble des participants au voyage doivent jurer de garder le secret sur ce qu'ils ont vu, sous peine de mort. La reine tente ainsi de cacher les exploits de Drake aux yeux de l'Espagne. Drake se présente devant la reine avec des bijoux commémorant sa circumnavigation: de l'or émaillé, pris au large des côtes du Mexique, un diamant africain et un bateau miniature avec une coque en bois d'ébène.

En retour, la reine offre à Drake un bijou représentant son portrait, un présent extraordinaire pour un roturier. Drake l'arbore ensuite fièrement sur le portrait qu'il commande en 1591 à Marcus Gheeraerts actuellement exposé au National Maritime Museum de Greenwich. Ce bijou comporte sur l'une des faces un portrait de la reine Élisabeth réalisé par le miniaturiste Nicholas Hilliard, et sur l'autre un camée en sardonyx représentant un double portrait : une reine et un homme africain. Le « Drake Jewel », nom sous lequel le bijou est aujourd'hui connu, est l'un des rares bijoux subsistants du XVIe siècle; il est conservé au Victoria and Albert Museum, à Londres.

  Drake est fait chevalier par Elisabeth Ière  Le 4 avril 1581, Élisabeth Ire monte à bord du Golden Hind, alors à quai à Deptford, et demande au diplomate français, monsieur de Marchaumont, de prêter son épée pour adouber Drake; Marchaumont se trouvant sur place pour négocier le mariage entre Élisabeth et le frère du roi de France, le duc d'Anjou. En impliquant un diplomate français dans l'adoubement de Drake, Élisabeth obtient le soutien implicite de la France concernant les agissements de Drake.

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La reine Elizabeth Ière anoblissant Francis Drake
Gravure du XIXe siècle

B.3) Drake et la guerre anglo-espagnole de 1585 à 1604

  Une guerre  En 1585, la guerre éclate entre l'Espagne et l'Angleterre. Cette guerre, intrinsèquement liée au théâtre plus vaste des tensions dynastiques, religieuses et commerciales en Europe, n'a jamais été officiellement déclarée.

En 1585, Drake met les voiles en direction du Nouveau Monde, met à sac le port de Saint-Domingue et capture la ville de Carthagène des Indes (en actuelle Colombie).

Le 6 juin 1586, alors qu'il était sur le retour vers l'Angleterre, il lance un raid sur le fort espagnol de San Augustín en Floride espagnole.

L'exécution de Marie Ire d'Écosse le 8 février 1587, ordonnée par la protestante Elizabeth Ière, a indigné tous les catholiques d'Europe. Le 29 juillet, Philippe II obtient la bénédiction papale pour renverser Élisabeth Ire, déjà excommuniée en 1570 par Pie V et placer qui il l'entend à sa place sur le trône d'Angleterre.

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Défense de Cadix
Francisco de Zurbarán, huile sur toile réalisée en 1634 – Musée du Prado

Mais, en avril 1587, alors que Philippe II d'Espagne prépare l'invasion de l'Angleterre avec son Invincible Armada, Francis Drake incendie 37 navires espagnols dans le port espagnol de Cadix.

Après ce port, la flotte de Drake mit le cap le long de la côte sud-ouest de l’Espagne et du Portugal, détruisant tous les navires qu’elle rencontra, y compris les navires de pêche. L’expédition menée par Francis Drake est un succès militaire retentissant : plus d’une centaine de navires espagnols de différents tonnages sont détruits ou capturés au cours de l’expédition. Elle est devenu connue sous le nom de «brûlage de la barbe du roi d’Espagne», une expression inventée par Drake lui-même. La valeur stratégique de ses actions ne pouvait être sous-estimée. Pendant une année entière, l’Armada espagnole a été retardée, ce qui a donné un temps précieux à l’Angleterre pour prendre des décisions défensives et se préparer.Ce n’est qu’en août 1588 que l’Armada est prête à partir pour les îles Britanniques.

  1588: la défaite de l’Invincible Armada  C'est à ce moment donc que va se dessiner la tragédie humaine de ce qu'il convient d'appeler la plus grande opération militaire amphibie de l'époque moderne.

L'Armada espagnole, c'est un formidable rassemblement de 130 vaisseaux. Elle transporte près de 30.000 hommes dont 19.000 soldats, l'équipement nécessaire pour assiéger des villes, un hôpital de campagne, etc. Son objectif est d'opérer un débarquement en Angleterre et de marcher sur Londres, afin de forcer Elizabeth à des compromis sur la liberté de culte pour les catholiques, pour que cesse son intervention aux Pays-Bas et sa perturbation du commerce maritime depuis les Amériques. L'Armada est sous le commandement du duc de Médina Sidonia, qui n'est pas un marin.

Pour faire face à la menace, l'Angleterre dispose d'une flotte composée des navires de la Reine et de navires marchands fournis par des officiers de la marine royale, par la ville de Londres ou par de simples volontaires, pour un total de 197 navires et 15.835 hommes. Durant le règne d'Henry VIII, ce dernier s'était assuré que la marine anglaise serait en mesure d'affronter une invasion, particulièrement après que le pape Clément VII l'eut excommunié pour cause de divorce d'avec Catherine d'Aragon. Comme Henri avait un faible pour les canons, il s'en procura assez pour « conquérir l'Enfer », comme le mentionne un de ses contemporains.

Ironiquement, Philippe II lui-même contribua à renforcer la défense anglaise. En effet, durant la courte période où il fut roi consort parce que marié avec la reine Marie Tudor, il adressa au Conseil privé l'avertissement suivant: «La défense de l'Angleterre repose sur une marine qui doit être préparée en tout temps à repousser une invasion. Les navires ne doivent pas seulement être prêts à prendre la mer, mais disponibles en tout temps».

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Les flottes anglaise et espagnole s'affrontent quatre fois avant que l'Armada ne mouille finalement dans le port de Calais. Pendant la nuit du 7 au 8 août 1588, les Anglais attaquent les Espagnols avec des barques bourrées d'explosifs et de matières incendiaires, qu'ils font dériver à travers les navires ennemis. Cette manœuvre inattendue sème la terreur et une indescriptible pagaille. Afin d'échapper aux flammes, des capitaines ordonnent de couper les amarres les reliant aux ancres. La flotte espagnole se disperse dans la nuit. Au matin, le duc de Médina Sidonia s'emploie à regrouper ses navires. C'est alors que débute, au large de Gravelines, l'engagement final avec les Anglais. Pendant des heures, la canonnade fait rage. À aucun moment, les Espagnols ne peuvent se mettre en position favorable à un abordage qui les aurait avantagés. Ils essuient le feu de l'ennemi sans pouvoir y répondre correctement. Beaucoup de navires sont lourdement endommagés. Puis, un vent du sud se met à souffler, poussant les navires de l'Armada vers le nord.

Dans l'impossibilité de regrouper les 112 navires qui lui restent, Médina Sidonia se résigne à retourner en Espagne par la seule route possible vu les circonstances et les vents: contourner l'Écosse et l'Irlande et faire voile vers l'Espagne. Malheureusement, la mer n'est point clémente et beaucoup de navires s'échoueront sur les côtes d'Irlande. Les équipages seront pour la plupart massacrés par les insulaires. Une poignée d'entre eux seulement reverront les rivages d'Espagne.

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L'Invincible Armada
Philippe-Jacques de Loutherbourg (1740–1812)

Dans les semaines qui suivront la disparition de l'Armada dans les brumes de la mer du Nord, les commandants de la marine anglaise demeureront profondément inquiets. Ils anticiperont un retour des navires espagnols ce qui, sans aucun doute, aurait été catastrophique. En effet, suite à la canonnade de la dernière bataille, les munitions du royaume étaient épuisées. Plus de poudre, ou presque. Or la défense anglaise était basée sur la puissance de la marine et de son artillerie. Sans puissance de feu, les navires auraient été facilement abordés et capturés par des troupes numériquement supérieures et aguerries. Heureusement pour les Anglais, la flotte de Philippe II ne fit jamais demi-tour.

Cette victoire anglaise n’a pas provoqué un changement profond et immédiat du cours de l'Histoire. Mais elle a permis aux Français et aux Anglais de comprendre qu’ils avaient une place dans la «conquête du monde». L'Espagne reste forte et prospère pendant plus d’un siècle, jusqu'à la guerre de succession d’Espagne (1701–1714). Mais, en cette fin de XVIème siècle, la France et l'Angleterre deviennent des acteurs majeurs de la politique européenne: la France par les arts, la diplomatie et son armée de terre; l'Angleterre par sa flotte, ses sciences et son empire colonial naissant.